
Lettre du ministère
Voici quelques informations qui vous permettront sans doute de prendre une décision éclairée sur les ensemencements au Petit lac Clair.
Ce lac a une superficie de 10 ha, de profondeur moyenne de 4,5 m et de 7 m de profondeur maximale. Selon des relevés faits en 1975 (c'est vieux mais ce sont des choses qui ne changent pas beaucoup au fil du temps), les paramètres physico-chimiques sont adéquats pour les besoins de l'omble de fontaine (eau relativement fraîche et bien oxygénée). Les espèces présentes sont l'omble de fontaine (communément appelée truite mouchetée), le meunier noir (communément appelé le gougeon ou téteux), le mulet perlé, l'épinoche à trois épines et l'épinoche à neuf épines. De l'éperlan arc-en-ciel a été introduit dans le lac en 1962 (des adultes provenant du lac Kénogami), il était toujours présent en 1975 lors de pêches expérimentales, mais qu'en est-il aujourd'hui???
En ce qui concerne la réglementation, le Petit lac Clair est situé dans la zone 18 du zonage piscicole où les ensemencements d'omble de fontaine sont permis. Toutefois, le ministère a délégué la responsabilité d'émettre des permis de transport et d'ensemencement aux pisciculteurs privés. Donc si votre association souhaite ensemencer, elle n'a qu'à se procurer de la truite mouchetée (généralement de la souche Rupert, donc domestique) chez un pisciculteur ayant un permis délivré par le MAPAQ qui, en vendant le poisson, vous remettra un permis de transport et d'ensemencement d'omble de fontaine vivants. Le titulaire de ce permis doit l'avoir avec lui tout au long du transport et de l'ensemencement, sinon il pourrait obtenir une infraction de la part d'un agent de protection de la faune. Le seul pisciculteur dans la région est Salmotherm (à St-Félicien) bien que certains pisciculteurs sont limitrophes à la région (ex. à La Tuque) et desservent aussi la région. Ceci étant dit, même si la réglementation permet d'ensemencer de l'omble de fontaine dans beaucoup de lacs dans la région, cela ne veut pas nécessairement dire que c'est «recommandé» de le faire...
Plusieurs répercussions négatives peuvent se faire sentir suite à des ensemencements:
1. Diminution du potentiel génétique
On sait que les truites mouchetées sont des poissons domestiques élevés pour survivre en pisciculture et non en milieu naturel. Non seulement elles ne sont pas résistantes (en général, très peu de poisson vont survivre plus d'une saison ou deux) mais transféreront leur «mauvais matériel génétique» aux spécimens sauvages par hybridation puisqu'elles sont en mesure de se reproduire. Résultat à moyen terme: les poissons domestiques n'ont pas survécu aux conditions naturelles et sont tous disparus, et une population sauvage qui aura été affaiblie par les poissons domestiques.
2. Introduction de pathogènes
Les poissons de pisciculture sont souvent porteurs de maladies sans en présenter les symptômes (les piscicultures n'ont pas à dépister systématiquement certaines maladies fréquentes). Les poissons développeront la maladie en milieu naturel puisque leur système est affaibli (disponibilité de nourriture moins grande et conditions de vie plus difficiles). Une fois introduits dans le milieu, impossible de s'en débarrasser puisque les poissons sauvages seront aussi contaminés. On peut donc contaminer d'autres plans d'eau dans le bassin versant.
Finalement, il est important de mentionner qu'il est souvent un peu décevant de constater que même si on fait du «put and take» en utilisant des poissons de taille pêcheable (de toutes manières, dans votre cas, ce n'est que ça que je vous recommanderais de faire), le taux de retour est d'environ 50%. Puisque les poissons domestiques de pisciculture sont mal adaptés au milieu naturel, une certaine mortalité se fait sentir assez rapidement. La période hivernale est souvent très difficile pour eux et peu y survivront. Plus on pêche rapidement les poissons ensemencés, plus on a de chance d'avoir un bon taux de retour. On recommande donc de préférer plusieurs petits ensemencements dans une même saison plutôt qu'un seul gros, à moins que l'ensemencement soit prévu en fonction d'une activité précise (par exemple pour la Fête de la Pêche, au début juin qui vise la relève et où tout le monde peut pêcher sans permis de pêche - voir site internet du MDDEFP pour informations supplémentaires).
Finalement, j'ai exposé plusieurs aspects négatifs mais il y a aussi des aspects positifs. Mais comme la majorité des gens surestiment ces aspects, je préfère ne pas trop les aborder.
Voici un lien pour la section ensemencements du MDDEFP. Il y a beaucoup d'informations générales. Tu peux aussi aller à partir de ce même lien dans la section «Cadre légal et orientations ministérielles» où, dans la sous-section Orientations ministérielles, complètement en bas, deux documents d'intérêt pour vos besoins, soit ceux intitulés «Informations générales» et «Omble de fontaine». Ce sont les Outils d'aide à l'ensemencement des plans d'eau dont je t'ai parlé. Ils contiennent beaucoup d'informations au sujet des ensemencements. Mais évidemment, n'hésite pas à me contacter de nouveau si tu as d'autres questions.
https://www.mddefp.gouv.qc.ca/faune/peche/ensemencement/index.asp
Bonne journée!
Amélie Bérubé, biologiste M.Sc.
Direction régionale du Saguenay–Lac-Saint-Jean
Secteur faune
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